L'image fait rêver : une voiture électrique branchée à la maison, des panneaux sur le toit qui convertissent la lumière en kilomètres, et la sensation de « rouler au soleil ».
Dans la vraie vie, l'histoire est plus subtile.
La production solaire n'est ni constante ni instantanément disponible à la demande ; elle culmine en journée, surtout en été, alors que beaucoup d'entre nous branchent leur voiture le soir après le travail.
À cela s'ajoute le fait que la maison consomme elle aussi en parallèle (eau chaude, cuisson, lessive, chauffage ou climatisation).
Bref, c'est faisable, mais pas « magique » : il faut comprendre les puissances en jeu, les rendements, le timing de la charge, et dimensionner intelligemment l'installation.
L'objectif raisonnable n'est pas d'être 100 % solaire 365 jours par an sur la voiture-ce qui impose des moyens lourds-mais de réduire fortement le coût au kilomètre grâce à l'autoconsommation, en synchronisant au mieux la charge avec le soleil et, si besoin, en tamponnant une partie de l'énergie avec une petite batterie AC domestique.
C'est là que le photovoltaïque devient un vrai levier économique et écologique.
Dans cet article, nous vous détaillons tout !
Commençons par la voiture. Une compacte efficiente consomme en réel autour de 15 kWh/100 km (0,15 kWh/km).
Des modèles emblématiques servent de repères :
Côté PHEV (hybride rechargeable), l'échelle change :
Passons au toit. La production se mesure en kWh par kWc (kilowatt-crête) et varie fortement avec la saison et la météo.
En France, un repère robuste tiré des outils institutionnels (PVGIS, JRC, Autocalsol ) : autour de 1 100-1 160 kWh/kWc/an, soit en ordre de grandeur d'environ 5,5-6 kWh/kWc/jour en été et environ 1,7 kWh/kWc/jour en hiver.
Ces valeurs ne sont pas « absolues », elles dépendent de l'orientation, l'inclinaison, l'ombrage et la région-mais elles cadrent très bien la réalité française et sont largement utilisées pour les estimations initiales.
PVGIS ou Autocalsol permet d'ailleurs d'obtenir une courbe mois par mois pour une adresse donnée, ce qui met noir sur blanc l'écart massif été/hiver.
Traduction concrète :
À la maison, trois configurations dominent :
C'est un détail crucial : inutile d'installer 22 KW si la voiture plafonne à 7,4 kW !
Sur une charge AC, la voiture convertit l'alternatif (AC) en continu (DC) via son chargeur embarqué.
Cette conversion chauffe et consomme une partie de l'énergie. Les tests indépendants (ADAC, synthèses InsideEVs et presse pro) convergent vers un ordre de grandeur d'environ 10 à 15 % de pertes en AC, avec des extrêmes plus élevés sur prise domestique ( jusqu'à 20-25 % dans certains cas ! ), et plus faibles sur wallbox correctement dimensionnée (souvent 5 à 10 %).
Si vous intercalez une batterie domestique AC ( le solaire charge la batterie le jour, la batterie recharge la voiture le soir ), il faut ajouter des pertes d'aller-retour.
Les datasheets sérieux donnent un rendement de 90 % pour une Tesla Powerwall (AC) et 94,5 % pour des batteries DC-couplées type SolarEdge, ce qui illustre bien l'écart entre chaîne AC et chaîne DC.
En pratique, le chemin PV vers la batterie maison (AC) puis vers la voiture (AC) cumule environ 20 à 30 % de pertes selon la configuration et les puissances en jeu
Prenons une Peugeot e-208 avec 51 kWh utiles.
L'idée est simple : on divise l'énergie à transférer par la puissance de charge, puis on majore pour les pertes.
Sur prise standard 2,3 kW, si l'on ignorait les pertes, 51 kWh divisés par 2,3 KW donnent = 22 heures.
Mais comme il faut intégrer la conversion AC→DC dans la voiture et les auxiliaires, l'énergie « à fournir au compteur » est plutôt de 51 x 1,12 = 57 kWh avec 12 % de pertes.
On refait le calcul : 57 kWh ÷ 2,3 kW ≥ 25 heures.
Sur prise renforcée 3,7 KW, on divise 57 par 3,7 et l'on obtient = 15 heures.
Sur wallbox 7,4 kW, le même raisonnement conduit à = 7,5-8 heures.
On voit bien que plus la puissance de charge est élevée, moins les pertes comptent dans la durée et dans la facture, d'où l'intérêt d'une wallbox adaptée au véhicule et à l'abonnement du foyer.
Refaisons rapidement l'exercice pour deux repères utiles.
Une Dacia Spring avec 26,8 kWh utiles demandera plus de 13 h sur prise 2,3 kW, 8 h sur prise renforcée, et 4,5 h sur wallbox en vous rappelant que le chargeur embarqué limite à 6,6 kW, donc inutile d'aller au-delà.
Une Tesla Model 3 RWD avec 60 kWh utiles (2025) se situe autour de 28 h sur prise, 17 à 18 h sur prise 3,7 KW, plus de 9 h sur 7,4 KW et = 6 h sur 11 kW, car le chargeur embarqué 11 kW peut les prendre en Europe.
Pour convertir une production journalière en kilomètres potentiels, on procède en deux temps.
D'abord on estime l'énergie nette disponible pour la batterie de la voiture, et pour rester prudent, nous retirons 12% de pertes de charge AC si l'on charge directement en journée (sans passer par une batterie maison).
Ensuite on divise par la consommation au km. En prenant 15 kWh/100 km, on a 0,15 kWh par km.
En été :
En Hiver :
Cela montre pourquoi l'hiver ne permet presque jamais la « pleine » journalière d'une berline 50-60 kWh uniquement au soleil.
L'hiver appelle d'autres leviers : le pilotage de la puissance, l'usage sobre, l'appoint réseau raisonnable et, si l'on charge le soir, un peu de stockage tampon.
Quand on charge en journée, la voiture peut « suivre » l'allure du soleil : en été, un 6-10 kWc couvre une large part d'une charge à 3,7-7,4 kW si la maison n'absorbe pas tout.
En clair, brancher à midi vaut de l'or.
Quand on charge le soir ( le cas le plus fréquent ) l'apport solaire du jour est passé. On ne peut plus « injecter en direct ».
Sauf à avoir stocké un peu d'énergie avant. C'est là qu'intervient la batterie AC domestique.
Un module de 5 kWh se charge en environ 2 heures à 2,5 kW quand il y a un surplus en milieu d'après-midi.
Le soir, ce module décharge à 2,5 kW pendant 2 heures et « donne un coup de main » à la borne.
En pratique, du fait des pertes d'aller-retour et de la charge AC de la voiture, 5 kWh bruts ressemblent plutôt à 4,3 - 4,5 kWh nets dans la batterie du véhicule.
Deux modules (10 kWh) fournissent environ 8,5 à 9 kWh nets, ce qui suffit souvent à absorber le pic de début de soirée et à réduire le prélèvement réseau pendant 3 / 4 heures à 3,7 kW (la batterie « pousse » 2,5 kW, le réseau ne fournit plus que ~1,2 kW).
La Dacia Spring est un bon exemple de « petit pack, petit appétit » : avec 26,8 kWh utiles et un chargeur AC de 6,6 kW, la pleine n'exige pas une énorme énergie. Une prise renforcée et une installation de 3 à 6 kWc en été suffisent souvent pour couvrir les kilomètres du quotidien en charge diurne, surtout si l'on pilote les autres usages de la maison.
La Peugeot e-208 et ses 51 kWh demandent plus de discipline horaire : une wallbox 7,4 kW associée à une installation solaire de 6 à 10 kWc permet, en été, de recharger largement en quelques heures de soleil si la voiture est présente au domicile (télétravail, week-end, retour tôt).
La Tesla Model 3 (RWD autour de 60 KWh utiles, LR autour de ~79-82 kWh) exige encore davantage d'énergie. Il faut viser une installation solaire de 10 à 12 kWc et une wallbox 11 kW , de cette manière on maximise la valorisation quand la voiture est branchée en journée.
En revanche, le soir d'hiver, on retombe vite sur l'appoint réseau à moins d'avoir 10-15 kWh de batteries AC pour décaler les surplus de la journée.
La tendance « bidirectionnelle » progresse. Le V2L (vehicle-to-load) disponible sur des modèles Hyundai/Kia permet d'utiliser la batterie du véhicule comme prise 230 V pour alimenter des appareils, jusqu'à 3,6 kW selon les fiches constructeurs (lonia 5, EV6).
C'est pratique pour le bricolage, le camping ou la gestion d'un petit besoin ponctuel à la maison.
Le V2H (vehicle-to-home) et le V2G (vehicle-to-grid) vont plus loin : la voiture alimente le foyer ou rend de l'énergie au réseau via des bornes compatibles et des modèles homologués.
En Europe, les pilotes s'accélèrent (ex. Renault et We Drive Solar à Utrecht, R5 E-Tech V2G) et la normalisation avance, mais l'écosystème est encore naissant et dépend fortement des bornes et des modèles compatibles
Imaginons que vous disposiez d'un module 5 kWh.
En mi-saison, il se remplit vers 16 h-18 h sur surplus PV en environ 2 h à 2,5 kW.
A 20 h, vous branchez la voiture, la borne est réglée à 3,7 kW.
Pendant deux heures, la batterie injecte 2,5 kW, et le réseau ne fournit plus que 1,2 kW.
En termes d'énergie réellement « dans » la batterie de la voiture, attendez-vous à environ 4,3 à 4,5 kWh nets issus du module (les écarts viennent des pertes d'AR de la batterie domestique et des pertes AC côté voiture).
Avec deux modules, vous lissez les 4 premières heures de charge du soir, et vous convertissez une bonne partie de la production solaire diurne en kilomètres du lendemain.
C'est simple, robuste et très efficace pour un foyer qui ne peut pas charger en journée.
Plus vous ajoutez de modules, plus vous avez d'autonomie, à condition d'avoir l'installation solaire en conséquence.
Si vous chargez souvent en journée, concentrez-vous sur la synchronisation : planifier la charge quand le soleil est là, limiter la puissance de 3,7 jusqu'à 7,4 KW pour coller à votre profil PV, et décaler les gros usages maison en dehors du créneau de charge ( ou déclencher le ballon d'ECS pile au moment du pic solaire ).
Si vous chargez surtout le soir, ajoutez 5 à 10 kWh de batterie AC (un ou deux modules) pour tamponner la fin d'après-midi et lisser l'appel réseau.
En termes de dimensionnement un PV de 6 à 10 kWc représente souvent le meilleur compromis pour un foyer « type » en France: en été, vous rechargez largement un véhicule 50 kWh si vous le branchez en journée, en mi-saison, vous en couvrez une bonne partie, en hiver, vous conservez une base utile de 60-100 km/jour selon votre disposition en 6/8/10 kWc.
12 kWc donne du confort estival et de la marge en mi-saison, mais n'efface pas la contrainte hivernale (où la pleine quotidienne reste rare sans gros stockage).
Enfin, pour un PHEV, quelques kWc bien pilotés suffisent pour rendre solaire l'essentiel des trajets du quotidien.
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