La question de la rentabilité du photovoltaïque ne se pose plus aujourd’hui comme il y a quelques années. Le contexte énergétique a profondément évolué, et avec lui, la manière d’analyser un projet solaire.
Le prix de l’électricité est désormais d’environ 19,6 centimes d’euros par kWh, tandis que le tarif de rachat de l’électricité photovoltaïque injectée sur le réseau est tombé à 4 centimes par kWh. Cet écart change complètement la logique économique.
Concrètement, un kilowattheure solaire consommé chez soi vaut presque cinq fois plus qu’un kilowattheure revendu.
À partir de là, la rentabilité du photovoltaïque repose avant tout sur une chose : votre consommation, et votre capacité à autoconsommer l’électricité produite.
Dans cet article, nous allons volontairement entrer rapidement dans le concret.
Nous allons analyser trois profils de consommation réalistes : 5 000, 10 000 et 15 000 kWh par an et évaluer la rentabilité du photovoltaïque avec et sans batterie, selon trois hypothèses de prix du kWh :
le prix actuel (0,196 € / kWh),
une hypothèse à 0,30 € / kWh,
et une hypothèse à 0,40 € / kWh.
Ces scénarios ne sont pas des prédictions. Nous ne sommes pas devins. Ils servent uniquement à comprendre les mécanismes et à mesurer l’impact direct du prix de l’électricité sur la rentabilité d’une installation photovoltaïque.
Afin de rester cohérent et lisible, les calculs reposent sur des hypothèses simples et volontairement prudentes.
Nous retenons une production moyenne de 1 000 kWh par kWc et par an ( même si nous sommes davantage aux alentours des 1 200 KWh en deux-Sèvres ) , ce qui permet de comparer les profils entre eux sans entrer dans des cas spécifiques d’orientation ou de région.
Le tarif de rachat est fixé à 0,04 € par kWh injecté.
La batterie étudiée est une batterie de 5 kWh, avec une puissance de 2 500 W, pour un coût de 2 000 € TTC, avec un rendement de stockage estimé à 90 %.
Notre rentabilité est exprimée de manière volontairement simple : en pourcentage par an, selon la formule suivante :
Rentabilité annuelle (%) = (gain annuel / investissement total) × 100
Le gain annuel correspond à la somme :
des économies réalisées grâce aux kWh autoconsommés,
et du revenu lié à l’électricité injectée sur le réseau.
Maintenant que nos bases sont claires, passons à nos cas concrets :)
Ce premier profil correspond à une maison peu énergivore, avec un chauffage non électrique ou partiellement électrique, et une consommation principalement liée à l’électroménager et à l’eau chaude.
Une installation photovoltaïque de 4 kWc, pour un coût d’environ 7 500 €, est cohérente dans ce cas. Elle produit environ 4 000 kWh par an.
Dans ce type de foyer, le taux d’autoconsommation est généralement autour de 55 %, soit 2 200 kWh autoconsommés. Les 1 800 kWh restants sont injectés sur le réseau.
Avec un kWh à 0,196 €, l’économie liée à l’autoconsommation est de 431 €, à laquelle s’ajoutent 72 € de revente. Le gain annuel est donc d’environ 503 €, soit une rentabilité de 6,7 % par an.
Avec un kWh à 0,30 €, le gain annuel passe à 732 €, soit une rentabilité de 9,8 % par an.
Avec un kWh à 0,40 €, le gain atteint 952 €, soit 12,7 % par an.
L’ajout d’une batterie porte l’investissement total à 9 500 €. Le taux d’autoconsommation peut alors monter à environ 75 %.
Après prise en compte des pertes de stockage, le gain annuel devient d’environ 612 € au prix actuel du kWh.
La rentabilité est alors de 6,5 % par an à 0,196 €, 9,6 % à 0,30 € et 12,7 % à 0,40 €.
Sur un petit consommateur, la batterie améliore l’autoconsommation, mais la rentabilité en pourcentage reste proche. Elle apporte surtout du confort d’usage dans ce cas mais au niveau rentabilité, un produit de stockage le devient plus il y a de consommation derrière !
Ce profil correspond à une maison familiale, souvent équipée d’une pompe à chaleur, avec une consommation plus étalée dans la journée.
C’est l’un des profils les plus intéressants pour le photovoltaïque.
Une installation de 6 kWc, pour un coût d’environ 10 000 €, produit environ 6 000 kWh par an.
Le taux d’autoconsommation naturel atteint généralement 65 %, soit 3 900 kWh autoconsommés.
À 0,196 € / kWh, le gain annuel est d’environ 848 €, soit une rentabilité de 8,5 % par an.
À 0,30 €, la rentabilité monte à 12,5 % par an.
À 0,40 €, elle atteint 16,4 % par an.
Avec la batterie, l’investissement total passe à 12 000 €, et le taux d’autoconsommation peut atteindre 80 %.
Le gain annuel devient alors environ 971 € au prix actuel du kWh.
La rentabilité est de 8,1 % par an à 0,196 €, 12,2 % à 0,30 € et 16,1 % à 0,40 €.
Dans ce profil, la batterie commence à avoir du sens si la consommation est importante le soir ( dans ce calcul, nous sommes parti de l'hypothèse d'une forte conso la journée ), la rentabilité pure reste souvent comparable sans batterie.
Si vous etes actif en dehors de votre domicile la journée, la batterie vous apportera davantage de rentabilité ( +2 à 4% par rapport à ce calcul ) !
Ce dernier profil concerne les grandes maisons, avec chauffage électrique, pompe à chaleur, piscine ou véhicule électrique.
C’est le cas où le photovoltaïque est le plus naturellement rentable.
Une installation de 9 kWc, pour un coût d’environ 13 500 €, produit environ 9 000 kWh par an.
Avec un taux d’autoconsommation d’environ 70 %, soit 6 300 kWh autoconsommés :
À 0,196 €, le gain annuel est d’environ 1 343 €, soit 10 % de rentabilité par an.
À 0,30 €, la rentabilité atteint 14,8 % par an.
À 0,40 €, elle monte à 19,5 % par an.
Avec la batterie, l’investissement total est de 15 500 €, et l’autoconsommation peut atteindre 82 %.
Le gain annuel est alors d’environ 1 490 € au prix actuel du kWh.
La rentabilité ressort à 9,6 % par an à 0,196 €, 14,5 % à 0,30 € et 19,2 % à 0,40 €.
Sur les gros consommateurs, le photovoltaïque est déjà très rentable sans batterie. La batterie devient surtout un outil d’optimisation et de confort énergétique.
Dans nos hypothèses de consommation la journée, ajouter une batterie ne vous fera rien gagner de plus, cependant, si vous n'êtes pas présent en journée, la batterie prend tout son sens, et devient très rentable !
La hausse du prix de l’électricité transforme profondément la lecture de la rentabilité photovoltaïque.
Avec un tarif de rachat très bas, l’enjeu n’est plus de produire pour revendre, mais de produire pour consommer.
Plus la consommation est élevée, plus le photovoltaïque devient rentable rapidement. Mais même pour des profils plus modestes, une installation bien dimensionnée permet de réduire durablement la facture et de reprendre une part de contrôle sur ses dépenses énergétiques.
La clé reste toujours la même : un projet cohérent, dimensionné sur la consommation réelle, et analysé avec des chiffres clairs et compréhensibles. C’est cette approche qui fait aujourd’hui du photovoltaïque un investissement pertinent, durable et maîtrisé.
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